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Musique

★ Chroniques musicales


LADYLIKE DRAGONS « Heart Burst »


LADYLIKE DRAGONS « Heart Burst »

Avec un blaze pareil on s’attendrait presque à un groupe de Reggae... ben non ma bonne dame ici on fait pas dans l’ambiance rastafary avec petite case perdue sous la végétation tropicale mais bien plutôt dans l’urbanisme crasse, forcené...loin d’être bercé par la douce lueur des étoiles et les paisibles signaux de fumée des Indiens de Jah on se trouve confronté aux effluves nauséabondes des usines d’une banlieue glauque et à ses lampadaires blafards.

Mais nos petits Dragons n’ont pas pris le seul parti d’être un énième combo maniaco-dépressif prenant des postures post Nick Caviennes pour singer la désespérance, l’errance ou la douleur...Rassurez vous, ils vont bien plus loin et leur opus ne sombre jamais dans aucun stéréotype, « Heart Burst » s’écoute, se vit, se ressent à la manière d’une aventure, d’une succession de saynètes banales mais toujours croustillantes qui pourraient rythmer le cours d’une journée ou d’une vie. Rien de transcendant ou de phénoménal, juste la chronologie de petits évènements qui s’imbriquent pour former un tout dont la cohérence importe guère en définitive. C’est l’impression qui m’a taraudé à l’écoute de cet album.

Le premier titre, « Slavery » nous propulse littéralement dix sept ans en arrière à l’époque du « Dry » de Miss Polly... Y a de quoi chopper la silicose tellement l’atmosphère est plombée... La même intensité viscérale, la même morgue post adolescente le menton en avant en envoyant chier le reste du monde... une manière similaire de gérer les ambiances à coups de sécateur... Sec et sans bavure. Un morceau de bravoure pour commencer. Les riffs sentent le cambouis et la chaîne à vélo...Les doublages de voix, les effets transistors, le débit d’écorchée...tout y est ! C’est pas du Peter Tosh... il ne manque qu’Albini aux manettes... Je suis persuadé que la demoiselle (dame ?) qui fait office de maîtresse de cérémonie a du user autant de copies vinyl que moi de ce monument du Wock’n’Woll tourmenté des 90’s. Mais il ne faudrait pas non plus que çà se résume à un hommage à la PJ des premiers émois ... Quoique je n’aurais rien eu contre !

On se méfie et on continue avec le bien nommé « 13 Minutes » qui comme le « 5.35 of Happiness » des Dum Dum Boys est une arnaque au vu de la longueur annoncée ! Un petit brûlot empli de guitares dont les fuzz rappellent par bien des aspects ces légions Aussies qui se revendiquaient des Stooges ou autres MC5 au début des 80’s... Des petits relents Fun Things / Radio Birdman qui démontrent si c’était encore à prouver que ces Ladylike Dragons sont des esthètes et n’ont pas découvert la musique analogique amplifiée et stéréophonique avec les Libertines ! On passe à « My Need of naughtiness »,qui de par son texte comme par son allure déguingandée et ses chœurs de type Beach Boys sous amphétamines nous renvoient à toute une frange Power Pop voire Hard Core mélodique d’obédience US. Tous les fans devant l’éternel de Me First and The Gimme Gimmes s’en trouveront réjouis ! Il y a vraiment à boire et à manger dans cet album qui sous certains aspects a des allures d’auberge espagnole tant le champ d’investigation est large...Il vaudra donc mieux parler de café de la gare car « Heart Burst » est un carrefour d’influences multiples et le plus souvent de bon goût.

« Trael Box » avec son pont à la Nomads nous promène à la manière d’un hit marshmallow de No Doubt... « F.O (a beautiful day)” est un bien beau standard , avec de jolies guitares bien ciselées qui fleurent étrangement Television ou les Only Ones...Le groupe du génial Peter Perret...pas Pierre hein, Peter... Décidément on a la même discothèque !

Ha « City and Lights » me plait beaucoup...une ballade intelligente avec une mélodie haut de gamme, des violons bien sirupeux comme on les aime et un couplet avec un beat basse / batterie oscillant entre techno cheap et new wave...bon marché...En plus ils nous font cadeau d’une note bleue (tirant vers le violet foncé vers 2.03) du meilleur effet, car on ne peut pas les soupçonner d’être sourds. Pour clore sur ce morceau, je reste d’autant plus amateur que les lyrics me touchent personnellement car ils abordent notre petite île de St Martin : « You can’t imagine how far you can travel, you came Sint Marteen... ».

« Like a reptile » débute avec une intro à la « Blitzkrieg Bop » et se poursuit en étalant une nonchalance que ne pourrait renier Cake.

« The Wisdom of my faith » est fort intéressant, il symbolise, le moment de réflexion et d’apaisement de la journée. Belle chanson, bien posée pleine de sensualité...Il y a un truc qui me chagrine pourtant, le Rhodes aurait du, à mon humble avis s’accompagner d’une trompette à la Calexico. On l’entend sans qu’elle n’y soit, peut être était ce trop téléphoné, évident...Mais l’effet aurait été meurtrier. Arrive sans prévenir « Bound Together » et je ne peux m’empêcher de me dire que la bio qui accompagne ce groupe est fort mal embouchée car les Ladylike Dragons ont autant à voir avec un groupe Garage que Toots and The Maytalls avec le Chocolate Watch Band ! Ce morceau est jalonné de changements de rythme, de beats qui n’ont rien à voir avec les Sonics ou autres Fuzztones et puis on est à des lieues des sempiternels trois accords... Il faut rendre aux Mighty Caesars ce qui leur appartient que diable !

« Don’t Together » et ses gros synthés déjantés à l’intérêt de nous montrer que l’ombre de Topper Headon plane au dessus des peaux du batteur de Ladylike Dragon en compagnie de celle de Tommy Ramone...On ne peut que plaindre les voisins !!!

« Loose Control » a des réminiscences de l’époque bénie où les Cherokees se prenaient pour les Stooges. A l’écoute d’un pareil pamphlet sur l’irresponsabilité on se dit que le Wock’n’Woll hexagonal ( d’identité protéiforme et indéfinie bien entendu... ) a encore de belles heures devant lui. Ils sont ici presque aussi teigneux que les fabuleux Water Pipe Cult qui demeurent à mon sens le groupe le plus lumineux engendré dans le sud de notre vieille Gaule depuis Louis XVI , pour reprendre la métaphore sanglante d’un poète méridional. « Heart Burst » se ponctue par une ballade éthérée en forme de comptine nocturne sur fond de Fender Rhodes saturé juste ce qu’il faut pour nous dresser le poil de manière à faire plein de petits cauchemards inutiles.

Bref, Ladylike Dragons est une belle découverte, leur premier essai a le grand mérite d’avoir une âme,c’est rare et c’est pour çà qu’on les aime.

Raoul Teigneux

Illustrations :


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